Histoire

LE PLAT DU CARLEZ

À cet endroit où l’on profite du panorama et d’une part de tarte aux myrtilles, si vous prêtez attention, vous remarquerez une série de monticules faisant face au refuge. Ces monticules sont la trace d’un habitat probablement permanent datant de l’époque médiévale.

La présence humaine est ancienne dans cette partie de la vallée. À Saint Christophe en Oisans, les textes attestent d’une communauté villageoise et d’une église à la fin du XIe siècle soit l’époque de la première croisade. En 1339, grâce à l’enquête delphinale, nous savons que la communauté villageoise comptait 600 personnes dispersées en plusieurs hameaux dont Berardi (situé en face de l’actuel La Bérarde sur l’autre rive du Vénéon) Le Carrelet, lui est cité dans la grande Reconnaissance de 1345 comme un lieu de vie.

À cette periode, le Dauphiné connaît une grande croissance démographique. La population augmente rapidement et les anciens lieux de peuplement deviennent exigus. Les habitants ont alors occupé l’ensemble des lieux disponibles le long du Vénéon et dans les vallons adjacents. Ils s’établissent sur les replats disponibles, parfois à haute altitude (jusqu’à 2300m au vallon de la Lavey), pour les habiter et les embellir.

Le site du plat du Carrelet est un exemple caractéristique de ce type d’habitat.
Il est à une altitude élevée de 1900 m proche d’un glacier et près d’une source d’eau, ici le Vénéon (prenant sa source au glacier de la Pilatte) et la confluence avec le ruisseau descendant du vallon du Chardon. Il est bati sur un replat de pelouse alpine.
Les structures d’habitation  et de production elles-mêmes sont caractéristiques. Ce sont des maisons rudimentaires et basses à un côté arrondi. Elles sont trapues avec un espace intérieur réduit et dépourvues d’autres ouvertures que l’entrée. Elles ne possédaient pas de charpente en bois ni d’étage mais une toiture faite soit de chaume soit de pièces de bois recouvertes de terre et de végétaux.

Ici, au Carrelet, les constructions sont partiellement enterrées pour probablement se prémunir du froid.

On ne sait pas exactement combien de personnes ont vécu sur ce lieu car les traces archéologiques sont interprétables. Certaines structures peuvent être un espace de stockage, une bergerie ou un lieu de fabrication de fromage. Les habitants ont vécu avec probablement un jardin pour la consommation familiale.

Les populations ont subit à la même periode des vagues d’épidémies et de pestes. La Grande Peste noire arrivée à Marseille en 1347 touche l’Oisans de 1350. Elle revient en plusieurs vagues et fait des ravages. Le taux de mortalité européen est de 30 à 50% de la population de l’époque. Le territoire de Saint Christophe en oisans en fit les frais car la population n’est plus qu’estimée à 270 personnes en 1450 soit moitié moins qu’un siècle plus tôt.
Le plat du Carrelet ne répondait donc plus à la surpopulation de la vallée et se trouvait en but aux conditions climatiques plus difficiles avec l’arrivée du petit âge glaciaire. Il n’était plus aussi intéressant. Le Carrelet perdit alors probablement sont caractère permanent ou pratiquement pour devenir un lieu d’appoint et être deserté à la fin du Moyen-Âge et au début de l’époque Moderne.